Royaume de Naples Charles Ier d’Anjou Salut d’or (Carlino) 1278-1285

✠ KAROL’. DEI. GRA. IERL’M. SICILIE. REX

Écu de Jérusalem et d’Anjou sous une lune accostée de deux étoiles ; de chaque côté de l’écu, une rose entre deux étoiles.

Rev : ✠ AVE. GRACIA. PLENA. DOMINUS. TECVM

L’archange Gabriel, debout à gauche, saluant la Vierge à droite ; un lys dans un vase à leurs pieds, au centre.

Exemplaire de très belle facture, les détails de la scène au revers sont particulièrement bien venus à la frappe. Le Salut d’or de Naples se distingue par son iconographie riche par rapport aux autres monnaies de la même période ; iconographie qui incarne à elle seule le parcours de Charles d’Anjou.

Cadet de la famille royale de France, Charles d’Anjou se révèle très tôt entreprenant. C’est au côté de son frère, Louis IX (futur Saint Louis), qu’il participe à la septième croisade entre 1248 et 1251. Après cette épopée inachevée, le jeune comte d’Anjou et de Provence nourrit de plus grandes ambitions. Son heure vient lorsque sur invitation du pape Urbain IV, Charles s’immisce dans les luttes de pouvoir entre la Papauté et le Saint-Empire romain germanique. Son intervention en Italie lui permet d’être couronné roi de Sicile par le pape à Rome, au début de l’année 1266. Quelques mois plus tard, sa victoire à Bénévent face au fils héritier de l’Empire, Manfred von Hohenstaufen, renforce la légitimité de ses futures acquisitions dans le sud de l’Italie.

En 1277, Charles achète à Marie d’Antioche les droits et le titre de roi de Jérusalem. C’est donc tout naturellement, à partir de 1278, qu’il fait figurer sur ses nouvelles émissions monétaires l’écu de Jérusalem au côté de celui de la maison royale française. Le revers de ses monnaies représente la scène de l’Annonciation, l’Archange Gabriel portant dans sa main une fleur de lys qu’il tend à la Vierge Marie. La présence du vase à leurs pieds est doublement symbolique. Le lys qu’il contient est un rappel du lys de l’Annonciation, symbole de pureté incarnant la venue du Christ sur Terre. Ce lys, en pleine floraison, est également l’emblème de la famille royale capétienne de France, dont Charles d’Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile, fervent défenseur de la Papauté et de la Chrétienté, est un parfait représentant.